Habiter le Fjord

En poursuivant mon exploration du musée par la visite de l'exposition temporaire, je suis touchée par la présence d'un cerf de Virginie. C'est pourquoi je cherche comment dialoguer avec lui de manière artistique. Ma première piste d'inspiration est le Livre des symboles de Chevalier & Gheerbrant. Puis je me souviens qu'il y a quelques mois un homme m'a fait la lecture d'un mythe amérindien à propos d'un cerf. Aussi, je prends connaissance de textes qui portent sur cet animal « mi-bête, mi-forêt » (Ronsard) en relation avec des cultures variées. Et en attendant de trouver comment transposer ces nouveaux éléments à l'intérieur de mon projet, je dessine des cerfs au crayon mine, comme pour tenter de l'apprivoiser .

Je m'intéresse à une section de l'exposition permanente dédiée aux femmes du début de la colonisation de la région. « Avant les années 1930, en matière de sexualité, les tabous, le silence et les qu’en-dira-t-on régnaient aussi bien dans les villes que dans les campagnes saguenayennes. La vie amoureuse des couples et surtout la conduite des femmes étaient subordonnées à l'ordre social et clérical. Les témoignages de centaines de personnes âgées permettent aujourd’hui de percer le secret qui entourait alors les choses du sexe : l’ignorance dans laquelle on maintenait les jeunes, la force des interdits, l’oppression de la femme et le statut particulier consenti à l’homme, le maître de la famille. » Et je réalise de petits modelages en porcelaine.

Dans le contexte de la COVID-19, ma résidence débute avec la réouverture du Musée du Fjord. Au préalable, j'aménage mon espace de travail dans la mezzanine et j'en profite pour me familiariser avec les salles du musée. Mon espace de travail dans la mezzanine. Escalier menant à la mezzanine près de l'aquarium. Corridor donnant accès aux salles d'exposition et à l'aquarium. Détail de l'exposition permanente sur le Saguenay−Lac-Saint-Jean. Une partie de la collection remisée dans l'entrepôt du musée.

Cette résidence au Musée du Fjord se déroule de manière hebdomadaire pendant un an au sein de cette institution. Ma recherche-création porte sur chaque secteur du musée aux vocations variées. D’abord une vaste salle dédiée au monde aquatique vivant, une seconde plus petite comprenant un vivarium et enfin, une exposition permanente sociohistorique. Le résultat de cette démarche sera présenté à l'intérieur de meubles d'exposition regroupant des dessins, des ébauches, des cahiers de notes, des modelages, des assemblages, des reconstitutions, etc. Le tout est réuni de manière à témoigner d'un processus de compréhension, de réflexion et d'imagination découlant d'une perception nouvelle portée sur de multiples réalités abordées par ce musée. Qui plus est, ce projet constitue un lieu de convergence pour l'artiste, les spécialistes du musée (muséologue, biologiste, aquariste, médiateurs), de même que les visiteurs, s'accomplissant à travers un processus en encha